Post-partum et Alimentation : la Naturopathie au service du Mois d’Or
Par Perrine Bouvard, Naturopathe.
Quelques mots sur le Post-Partum
Il est encore peu connu et ses limites temporelles sont floues, pourtant le post-partum est traditionnellement reconnu comme la période la plus importante de la grossesse. Appelée « post-partum », « quatrième trimestre » ou encore « mois d’or » c’est la période durant laquelle le corps de la femme se repose et se remet de 9 mois de grossesse et d’un enfantement, un moment de récupération intense tant d’un point de vue émotionnel que physique.
Personnellement je distingue plusieurs phases du post-partum :
- Le post-partum immédiat, tout de suite après l’accouchement et les quelques jours qui suivent : c’est la récupération du corps après le marathon qu’il vient de vivre. Un petit être a quand même traversé un bassin caverneux, poussé aux fesses par des contractions surpuissantes et guidé vers la sortie au seul souffle de sa maman, c’est juste extraordinaire ! Cette transition est impressionnante et chamboule le corps, le couple et la famille. Les émotions fourmillent dans tous les sens au gré des feux d’artifices d’hormones, tout vient pêle-mêle : la joie, l’amour, la peur, la douleur, l’émerveillement… Quelques heures et quelques jours qui posent les jalons de la future santé de la maman et du bébé. Une maman sereine et en pleine forme, c’est la garantie d’un bébé apaisé et sécurisé. Je dirais que la semaine qui suit l’accouchement détermine la qualité des mois qui viendront.
- Vient ensuite le « mois d’or » qui est un mois charnière : bébé trouve ses marques dans son nouvel environnement, et les jeunes parents apprennent à vivre avec un +1, occupés par la sainte trinité couches-lait-dodo. Il est alors important que la maman soit entourée, écoutée, choyée afin qu’elle reprenne petit à petit des forces et apprivoise son nouveau corps, sa nouvelle vie. C’est le moment de dormir, de bien s’alimenter, de s’écouter.
- Et enfin le « post-partum » au sens large du terme, qui peut durer jusqu’à six mois, un an, ou deux ans. On peut aussi l’appeler matrescence, ou patrescence : ce moment de transition entre sa vie d’avant et sa nouvelle vie, où il est nécessaire de sans cesse s’ajuster pour trouver l’équilibre. Composer avec le nouvel emploi du temps, la fatigue, les interminables panières de linge à laver plier ranger, les repas, les courses…
Cela peut être une période très difficile à vivre émotionnellement pour le papa comme pour la maman, et une alimentation au top aidera à surmonter ces épreuves.
La Naturopathie au service du Mois d’Or
Si dans notre société on a perdu l’habitude de chouchouter la maman après l’accouchement, dans les médecines traditionnelles sud-américaines, africaines, chinoises ou indienne (ayurveda), rien ne s’est perdu. Les clés pour vivre un après-accouchement serein et revitalisant sont encore partagées et appliquées. Notre médecine traditionnelle, la naturopathie, s’intéresse également à cette période charnière. Grâce aux produits de la nature : les plantes, les légumes, les fruits, l’eau, l’argile, les huiles… le corps pourra reprendre des forces de manière naturelle et physiologique. Le babyblues, les variations hormonales, les désagréments post-accouchements trouveront des réponses naturelles et efficaces.
On le sait très bien aujourd’hui, la santé physique et émotionnelle passe par le ventre (et donc par l’assiette).
L’alimentation est un moyen simple et efficace d’être en pleine santé ; c’est l’essence qui fait tourner le moteur. Une mauvaise essence et le moteur claque.
Pour la maman, c’est pareil : une alimentation déséquilibrée, froide, trop riche ou pas assez, et son corps mettra beaucoup plus de temps à récupérer, entraînant de la fatigue, des dépressions, des fringales, une prise de poids, un sommeil non récupérateur.
L’alimentation de la jeune maman doit être réchauffante : on privilégie les repas onctueux, mijotés, colorés et épicés. Les bouillons, les soupes, les veloutés, les ragoûts, les plats en sauce sont excellents pour reprendre des forces sans surcharger la digestion. La cuisson à la vapeur à 95° est idéale car elle préserve les nutriments (La cuisson au four ou à la poêle, de manière systématique n’est pas recommandée car très appauvrissante).
On diversifie un maximum les légumes : plus ils sont colorés, plus ils apportent des vitamines différentes. Pour les mamans allaitantes, le fenouil et tous les aliments anisés sont particulièrement recommandés pour soutenir l’allaitement et faciliter la digestion de bébé. Le cru apporte beaucoup de minéraux mais il est aussi refroidissant. Je conseille de consommer des légumes crus en même temps que des légumes cuits, et de faire des jus de légumes à température ambiante (jamais frais tout justes sortis du frigo).
Pour réchauffer un plat qui est cru ou cuit mais mangé froid (une salade de pâtes par exemple), on peut apporter de la chaleur avec des aromates et des épices.
Le basilic est un antidépresseur naturel, le romarin soutient le foie, le thym renforce l’immunité, le persil est bon pour les reins (éviter d’en manger en grande quantité lors de l’allaitement, il coupe la lactation) Le curcuma est anti-inflammatoire, le gingembre réchauffe et assainit l’intestin, la cannelle est excellente pour soutenir la perte de poids. Toutes ces petites choses qu’on ajoute dans les plats font vraiment la différence si elles sont utilisées quotidiennement.
Tous les fruits sont intéressants, même les fruits secs. Les baies et fruits rouges sont riches en anti-oxydants qui viendront soutenir la peau dans ses processus de cicatrisation (césarienne, sutures vaginales, vergetures, relâchement de la peau). Elles stabilisent également l’humeur, un point non négligeable après l’accouchement où l’on fait parfois le yoyo émotionnel.
Pensez également à apporter de bonnes graisses, indispensables pour avoir de l’énergie et renforcer le cerveau de la maman (qui a tout donné au bébé !) ainsi que l’élasticité de la peau : les oméga 3 sont à privilégier. On les trouve en particulier dans les produits de la mer, les huiles de poisson, les maquereaux, sardines… Je vous conseille d’acheter des petites bouteilles de différentes huiles en magasin bio, afin de les conserver plus longtemps et sans risque d’oxydation : les huiles végétales de lin, cameline, sésame, onagre, pépin de courge.
La viande rouge et les abats sont intéressants car ils « nourrissent le sang » (principe de médecine chinoise), ils font le plein de fer et vitamines B. Je ne les conseille pas tous les jours car elles alourdissent et ralentissent la digestion mais si vous en ressentez le besoin foncez !
Les œufs sont également une super source de protéines : je vous conseille de les consommer mollets, c’est-à-dire le blanc pris et le jaune coulant.
Variez également les apports en céréales (pâtes semi-complètes ou complètes, riz basmati ou complet, quinoa, sarrasin, épeautre…) et légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots hazukis) : ils vous donneront des forces. Pensez à les faire tremper une nuit avant cuisson ou au moins à les rincer, car ils peuvent vous déminéraliser s’ils sont mal préparés.
Pour les bébés allaités qui auraient des gaz lorsque la maman en mange, vous pouvez ajouter une cuillère à café de bicarbonate dans l’eau de cuisson.
N’hésitez pas à vous concocter des petits snacks, salés ou sucrés, pour pouvoir picorer sainement lorsque votre corps le demande. L’accouchement est éprouvant pour l’organisme, l’allaitement le stimule encore alors il n’est pas rare d’avoir des fringales. Les snacks Jolly Mama, un jus de légumes, ou des energy balls faites maison sont parfaits à glisser dans le sac.
Anticiper le retour à la maison
Bien s’alimenter dans le post partum, cela se prépare dès la fin de la grossesse !
Le 9ème mois est le moment parfait pour commencer à faire des réserves dans le congélateur, tel un petit écureuil. Vous pouvez bien sûr cuisiner seule chez vous, mais c’est plus sympa d’inviter des amies à venir vous aider ! Chacune peut amener une recette qui lui plaît et ainsi vous la faire découvrir plus tard. Prévoyez des rations doubles, votre conjoint aura également besoin de réconfort.
Vous pouvez préparer des petits plats dans des tupperwares ou des sachets que vous stockez au congélateur à plat, mais également dans des bocaux. Si vous n’avez pas le temps ou l’envie de cuisiner avant votre accouchement, achetez des légumes congelés bio tout prêts en sachet. Vous pouvez aussi faire cuire du riz, du quinoa, des lentilles, et les congeler par portion.
Il existe aussi des traiteurs spécialisés dans le post-partum, renseignez-vous dans votre ville ou dans votre région ! Les petits plats qu’ils proposent sont pensés pour revitaliser à 100% la maman. Les restaurants près de chez vous feront également l’affaire pour les jours de flemme.
La micronutrition
Les besoins de la femme en post-partum sont encore très élevés, par rapport à avant la grossesse, d’autant plus si la maman est allaitante.
On peut très facilement ajouter dans les assiettes ou dans les smoothies des superaliments (superfood) : l’acérola, l’açaï, la spiruline, les algues, le curcuma, la gelée royale, ou encore les graines germées.
Je vous recommande le livre Superaliments de Clémence Roquefort, chez Hachette Cuisine qui explique en détail les bienfaits et donne des recettes simples et délicieuses.
En termes de compléments alimentaires, voici quelques petites choses très globales que je conseille à toutes mamans en post-partum : (vérifiez avec un naturopathe si ces conseils vous sont adaptés)
- Le porphyral HSP : une algue merveilleuse qui aide le corps à se remettre de n’importe quel traumatisme. A prendre dès le début des contractions, puis jusqu’à 4 jours après l’accouchement.
- Un complexe de multivitamines : je recommande particulièrement ceux de Nutri&Co, Nutriting et Unae.
- Chez Akal Food les poudres magiques « Spiral Flow » ou « Spirtonic » à diluer dans un verre de jus de pomme le matin sont absolument fantastiques pour lutter contre la fatigue !
Spiral Flow peut être pris pendant la grossesse et l’allaitement sans problème car il ne contient pas de caféine. Spirtonic convient aux papas et mamans qui n’allaitent pas.
- Les carrés Jolly Mama : ces merveilleux petits snack sont pensés pour apporter tout ce dont le corps a besoin en postpartum, sans aliments superflus. Les compositions sont bien pensées et les goûts délicieux.
- Une décoction de gingembre, à boire très chaude ou tiède. Il suffit d’acheter du rhizome de gingembre, et de l’éplucher avant de le faire bouillir 5 bonnes minutes dans l’eau. Le goût est un peu poivré, fort ; l’effet est tonique, réchauffant et digestif.
- Des infusions de tous types : drainantes, détoxifiantes, digestives, apaisantes pour soutenir la maman, à acheter en vrac en magasin bio.
Je conseille tout particulièrement l’ortie piquante et la prêle pour reminéraliser en profondeur. On apprécie particulièrement le fenouil, l’anis et le fenugrec pour stimuler la lactation. A l’inverse pour la freiner on peut utiliser le persil, la menthe ou la sauge.
Ces conseils sont généralistes, ils sont à affiner en fonction de vos besoins et problématiques, ainsi que de la saison de votre accouchement.
Je vous encourage vivement à vous entourer d’une équipe de praticiens spécialisés en périnatalité, qui pourront vous aider à voguer tranquillement sur le fleuve de la néo-parentalité : doula, naturopathe, sage-femme, praticien en médecine chinoise, homéopathe, ostéopathe.