Les peurs liées au post-partum
Qu’est-ce que le post-partum et pourquoi cette période peut-elle engendrer des peurs ?
Le post-partum, également appelé suites de couches ou quatrième trimestre, est la période qui s’étend classiquement de l’accouchement au retour des règles. Ce terme est encore associé à tort à la dépression post-partum qui est un sujet bien plus vaste et nécessite un suivi médicalisé, ce dont il ne sera pas question dans cet article.
C’est une période charnière durant laquelle de nombreux changements vont intervenir : l’accueil d’un nouveau-né au sein du couple (ou de la famille), bouleversements hormonaux, nouvelle organisation/repères à mettre en place, fatigue intense à gérer… Le quatrième trimestre est souvent peu (ou pas du tout) préparé et peut amener à de nombreux questionnements avant l’accouchement puis à des peurs qui surgissent une fois confrontée à la réalité de la maternité.
Cela fait partie des sujets qui sont encore assez tabous ! D’abord car on ne veut pas effrayer les futures mamans, mais surtout car aujourd’hui en France, la maternité est encore très associée à un bonheur absolu. De ce fait, les jeunes mères pour qui les premiers mois sont moins “roses” que prévu se sentent en décalage entre ce qui était annoncé et la réalité maternelle. On commence heureusement à parler de ces sujets de plus en plus librement, mais cela reste difficile à aborder (et surtout à assumer) pour la jeune maman.
J’ai donc listé ici les 9 peurs les plus courantes auxquelles tu peux être confrontée en tant que jeune maman. Cette liste est bien évidemment non exhaustive et tu ne connaitras pas nécessairement toutes ces peurs. Mon objectif est d’informer et de sensibiliser, tout simplement pour trouver plus facilement des solutions lorsque d’éventuelles difficultés se présentent.
Quelles sont les différentes peurs liées au post-partum ?
1. La peur de l’accouchement
Les peurs liées au post-partum sont nombreuses, à commencer par la peur de l’accouchement. Pour moi cette étape fait partie intégrante du post-partum car en effet, la façon dont l’accouchement se déroule va effectivement influencer l’après et la manière dont la jeune mère va le vivre. Par exemple, on ne peut absolument pas comparer un accouchement qui s’est passé sans problème particulier avec un accouchement traumatique ayant nécessité des forceps ou une césarienne. Chaque femme a bien sûr sa sensibilité et va vivre son accouchement différemment. Alors que certaines récupèrent physiquement très rapidement, il y en a d’autres qui vivent un vrai traumatisme et beaucoup de douleur pendant leur accouchement, et je peux te dire que leur post-partum ne se ressemblera d’aucune manière !
Il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités pour travailler sur la peur de l’accouchement : préparation à l’accouchement, accompagnement global avec une sage-femme, des lectures (le fabuleux livre J’accouche bientôt, que faire de la douleur ? – de Maïtie Trélaün), les doulas & accompagnantes à la naissance. Connaître la physiologie de l’accouchement et le rôle de la douleur, te préparer mentalement à ton accouchement, cela s’apprend et pourra influencer de manière positive ton post-partum 😊
2. La peur de ne pas créer de lien immédiat avec ton bébé
On entend souvent que la rencontre entre une maman et son bébé est magique, que le lien maternel se crée instantanément. Or ce n’est pas vrai pour toutes les femmes. Parfois la maternité est un changement si grand et intense pour la nouvelle maman, que celle-ci mettra du temps à créer ce fameux lien, tout comme elle aura besoin de temps pour prendre ses marques avec son bébé. C’est totalement naturel et humain de ne pas avoir le coup de foudre au premier regard, car même si tu as cohabité pendant 9 mois, tu ne connais pas encore ta petite merveille. Alors laisse-toi ce temps pour vous (re)connaître ton bébé et toi, vous apprivoiser, et surtout ne culpabilise pas car c’est tout à fait normal de ressentir cela !
3. La peur de ne pas comprendre son bébé ou de ne pas savoir faire
C’est une croyance bien ancrée puisqu’on nous le répète sans cesse pendant la grossesse : « être Maman c’est instinctif, tu verras tu sauras ce qu’il faut faire » etc.
En réalité si on pensait que tout était inné en devenant maman, c’est raté ! On peut aussi se retrouver complètement pétrifiée devant son nouveau-né dont on ne comprend pas les pleurs, ne pas parvenir à le rassurer, essayer de l’allaiter et douter de ses capacités, et on peut surtout se sentir seule confrontée à tout ça.
On nous répète tellement que cela viendra tout seul, qu’on saura faire, etc., que l’on peut vraiment se mettre à douter de soi et se trouver « nulle » dès lors qu’on se retrouve dans une situation où on n’arrive pas à comprendre ou calmer son bébé.
Encore une fois, faire connaissance avec son bébé demande du temps, et plus tu te répètes « je suis nulle », « je n’y arrive pas », plus tu vas angoisser et c’est un vrai cercle vicieux. Pour les plus anxieuses comme moi, on se sent vite paniquée et incapable de répondre aux besoins de son bébé.
Si seulement on nous avait expliqué que, comme toute relation, celle avec notre bébé mettra du temps à se construire, qu’on fera des essais, des erreurs, et que c’est en tâtonnant qu’on finira par trouver les bons gestes, les bonnes routines, la bonne communication, on se sentirait beaucoup mieux !
Être maman cela s’apprend et cela prend du temps, accorde-toi le temps nécessaire pour créer une relation avec ton bébé et sois douce avec toi 🥰
4. La peur de ne pas retrouver son corps d’avant
Tout au long de la grossesse nous voyons notre corps se transformer et il est généralement harmonieux. Une femme qui porte la vie est magnifique et rayonnante (bon sur la fin, on n’en peut plus il faut bien le dire ! 😅)
Nous sommes malheureusement mal (voire pas du tout) préparée à notre corps d’après accouchement.
Cette sensation de « vide » mais le ventre toujours gonflé, parfois des vergetures. On prend soudain conscience de ces fameux 20 kg « en trop » qu’il va falloir perdre, notre silhouette est bien différente, notre bassin s’est élargi. Mais aussi la fatigue met un sacré coup à notre teint, certaines perdent leur cheveux, bref tu l’auras compris c’est pas la période où on se sent au top de notre forme !
Notre corps peut aussi être douloureux (lochies, tranchées, cicatrices d’épisiotomie ou de césarienne, montées de lait) Alors oui on a clairement peur de ne jamais retrouver son corps d’avant et c’est humain de ressentir ça !
Là encore, il n’y a pas de recette miracle, il faut du temps. Pour accepter dans un premier temps, puis pour se reconnecter à son corps. Les rééducations du périnée et des abdominaux sont une première étape pour reprendre son corps en main, mais tu peux d’ores et déjà chérir ton corps en le remerciant pour la prouesse qu’il vient de réaliser, t’hydrater régulièrement, et surtout dormir dès que l’occasion se présente pour récupérer physiquement !
5. La peur de ne pas retrouver sa vie/son couple comme avant
On dit souvent que l’arrivée d’un bébé chamboule tout l’équilibre du couple, et en effet, cette petite merveille va devenir le centre de votre monde. Le couple est souvent mis de côté pendant les premières semaines/mois. Si bébé dort avec vous dans la chambre, l’intimité du couple est perturbée. Se remettre de l’accouchement prend aussi du temps et ton partenaire doit être à ton écoute et te laisser le temps de te remettre de cette épreuve. Bébé sera votre nouvelle priorité puis progressivement tout le monde trouvera sa place.
La patience et la communication sont les clés pour conserver une harmonie dans le couple. Personnellement, j’ai trouvé que nous avions manqué d’organisation et de « roulement » pour se lever la nuit par exemple. Pour notre premier bébé, nous faisions tout à deux pour se soutenir mutuellement mais au final personne ne se reposait ! Pourtant nous avions également besoin de ne pas être seul la nuit, alors on a fait comme on a pu ! Le principal est de trouver le rythme qui te correspond et surtout d’en parler avec ton conjoint.
6. La peur de se retrouver seule avec son bébé et d’être dépassée
Le congé paternité est encore trop court en France. Après quelques jours, le conjoint reprend le chemin du travail, et la jeune maman se retrouve bien souvent seule. Dès que bébé fait une sieste, cela va être tellement tentant de ranger, faire le ménage, plier le linge, préparer les repas, et c’est une grave erreur car on ne se repose pas et on est vite dépassée par la fatigue que cette charge de travail représente. On peut se dire qu’on n’y arrivera jamais, et c’est normal !
N’hésite pas à demander de l’aide si tu as des personnes à proximité qui peuvent venir te prêter main forte. Attention, il doit s’agir d’un réel coup de main, par exemple étendre une lessive ou apporter un bon repas chaud, et pas seulement rendre visite pour voir bébé et papoter.
C’est d’ailleurs ce juste équilibre qui n’est pas facile à trouver au retour à la maison : on aimerait souvent avoir de l’aide pour nous soutenir dans les tâches du quotidien, mais en réalité les multiples visites nous épuisent si les personnes qui viennent nous voir se comportent seulement comme des invités qui attendent d’être servis en gazouillant avec bébé. Tu peux explique à tes proches avec bienveillance que tu as besoin d’un réel coup de main, par exemple ranger cette pile de linge, changer bébé ou vider le lave-vaisselle…
Tu as le droit d’avoir besoin d’aide et tu as le droit de demander, ce n’est pas honteux, c’est juste humain ! Accepte aussi de recevoir cette aide lorsqu’elle t’est proposée 🤗
7. La peur de l’épuisement physique et psychologique, de devenir “folle“
Le manque de sommeil des premières semaines/premiers mois est terrible ! On peut se préparer mentalement en amont pendant la grossesse, on n’est jamais vraiment prête à sacrifier notre sommeil à ce point. Un nouveau-né demande une disponibilité physique, mentale, psychologique de tous les instants. Alors oui on peut avoir peur de devenir folle avec une grande dette de sommeil.
Dormir est vital, c’est un des besoins physiologiques primaires tout comme manger et boire ! 🤷♀️
Ce que j’entends souvent c’est « mon conjoint a repris le travail alors c’est moi qui me lève la nuit pour qu’il puisse dormir ». Pour moi c’est une erreur. Chaque couple fait comme il l’entend bien sûr, mais je t’explique pourquoi c’est aberrant pour moi : ton conjoint va devoir gérer une fatigue physique en allant travailler, alors que toi tu vas devoir gérer une fatigue physique extrême la nuit + une fatigue émotionnelle/psychologique en journée. Cela te paraît équitable ? Pour ma part, c’est non ! Mon conjoint s’est levé 90% des nuits et je lui en suis tellement reconnaissante car c’est grâce à cela que je ne suis pas devenue folle en journée avec mes deux bébés !
Alors parlez-en au sein de votre couple, trouvez votre propre fonctionnement, mais tu dois absolument avoir plusieurs heures de sommeil consécutives chaque nuit, ce n’est pas une option, c’est vital !
8. La peur qu’il arrive quelque chose/de perdre son enfant
La peur qui prend aux tripes ! Dès la naissance, on prend conscience de notre rôle : prendre soin de cette nouvelle et toute petite vie. C’est ainsi que certaines mamans deviennent hyper vigilantes, c’est-à-dire qu’elles sont H24 connectées à leur enfant, elles ne le lâchent pas du regard, sont prêtes à bondir au moindre risque, et pour l’avoir vécu (et le vivre encore !) je peux te dire que c’est épuisant nerveusement. Une Maman voit et ressent tout, absolument tout ! Elle entend son bébé pleurer avant même que ce soit le cas. La nuit, elle est réveillée au moindre petit mouvement. La moindre petite respiration « pas comme d’habitude » la met en mode alerte. “Est-ce qu’il va bien ? Respire-t-il ? Je vais vérifier que tout va bien !”
Et puis il y a cette peur terrible au fond de nous qu’il lui arrive quoi que ce soit, de le perdre. Parfois on peut passer plusieurs minutes à observer notre enfant en se demandant « c’était comment la vie avant lui ? » et s’imaginer le pire. Si tu ressens cela, saches que c’est un sentiment est tout à fait normal, c’est la preuve qu’un lien extrêmement fort est en train de se construire entre ton bébé et toi. Et j’ai une bien mauvaise nouvelle, cette sensation va durer toute la vie ! 💝
9. La peur de reprendre son activité professionnelle et de ne plus se sentir alignée avec son métier, ou la peur de ne plus retrouver son poste initial
Pendant la grossesse, l’entreprise dans laquelle nous travaillons a continué de tourner alors on peut effectivement avoir peur d’avoir été remplacée ou de se retrouver avec un poste moins intéressant à son retour de congé maternité. C’est totalement légitime. Saches que tu as des droits, alors n’hésites pas à te renseigner, il y a beaucoup d’articles sur internet à ce sujet, qui expliquent quels sont tes droits au sein de ton entreprise.
Tu peux aussi reprendre le travail comme moi et te sentir tellement en décalage que tu décideras de changer radicalement de vie professionnelle pour donner du sens à ton métier 😊 Et c’est OK ! 😃
Ce que j’en pense vraiment
C’est absolument normal de ressentir tout ça, cela ne fait pas de toi une moins bonne Maman, une femme moins bien/moins forte !
J’aimerais tant que ces sujets puissent être abordés et que toutes les Mamans se sentent libres d’en parler sans se sentir jugées. Le chemin est encore long, mais en semant nos petites graines, on y arrivera j’en suis convaincue ! 🤗
Tu peux te répéter en mantras quotidiens les phrases suivantes :
« C’est Ok de ressentir cela »
« Je suis la meilleure maman pour mon bébé »
« Je suis douce et bienveillante avec moi-même »
« Aujourd’hui je ne fais rien d’autre que m’occuper de moi et de bébé »
« Mon corps est merveilleux »
« Cette période ne dure qu’un temps »
Les petites cartes fleuries pourront t’y aider en toute bienveillance, retrouves-le ici : Cartes Fleuries
Tu n’es jamais seule ! N’hésite jamais à me contacter en MP si tu en ressens le besoin. Parfois cela fait du bien de vider son sac !
Sur Instagram : desmerveillespourmaman
Sur Facebook : Des Merveilles pour Maman
Avec toute mon affection,
Julie
Cet article est très bien écrit et super intéressant! Si j’avais pu le lire avant mes grossesses j’aurais peut-être pu prendre plus de recul et mieux accepter la situation!
Merci beaucoup Audrey ! Si cet article peut aider les futures mamans à mieux préparer leur post-partum j’en suis ravie 🙂
Merci pour tout. Premier bébé bientôt DPA qui se rapproche (8 mai), je recommande la lecture su livre le mois d’or et Bein vivre son 4eme trimestre au naturel. 2 livres incroyables et qui donennt des astuces pour aider à préparer ce post partum et essayer de vaincre tout ça
!
Vive le covid et teletravaille du Papa je le bénis juste pour ça !!!