Les conséquences des VOG sur l’après-accouchement

Aujourd’hui je voulais te parler du sujet sensible des VOG : les Violences Obstétricales & Gynécologiques, et de leurs conséquences sur l’après-accouchement.

De quoi s’agit-il ?

Selon la définition de l’IRASF (Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes) : « Les VOG sont l’ensemble des actes, gestes, paroles ou attitudes pouvant porter atteinte à l’intégrité mentale et physique de la femme ».

Ces violences sont le fait de soignants (gynécologues, sages-femmes, anesthésistes etc) et se produisent aussi bien pendant le suivi gynécologique de la femme et/ou le parcours PMA, que lors de la grossesse, de l’accouchement et la période postnatale.

L’infographie de l’IRASF ci-dessous décrit très bien le cadre et la nature des VOG.

En 2021 en France, les témoignages rapportés sont encore trop nombreux, alors il faut absolument en parler ! Libérer la parole, sensibiliser, être à l’écoute des personnes ayant subi ce genre de violences, est une nécessité pour préserver la bonne santé physique et psychologique des femmes en général.

Cas de VOG (liste non-exhaustive) :

Paroles blessantes ou culpabilisantes du type : « ne faites pas votre cinéma », « cela ne fait pas si mal que ça », « vous poussez très mal », « bébé va être en souffrance et ce sera de votre faute »

Actes réalisés sans prévenir = sans consentement : décollement des membranes, épisiotomie, recours au forceps, ventouses, spatules, expression abdominale, point du mari.

Gestes trop fréquents, intrusifs : touchers vaginaux

Obliger la future maman à accoucher avec un masque, ou encore la priver de la présence de son conjoint

Ignorance, absence de réponse à vos questions, ou refus d’expliquer ce qu’il se passe

Plus d’informations dans ce rapport du Sénat du 16 Septembre 2019 sur les violences obstétricales et gynécologiques : Rapport de l’Assemblée Parlementaire

Quelles sont les conséquences des VOG sur le post-partum ?

Un accouchement avec VOG va forcément avoir un impact sur le post-partum :

Sur la récupération physique : le corps mettra plus de temps à se remettre, il gardera parfois des séquelles (déchirures, cicatrices, incontinence, descente d’organes) pendant plusieurs mois. Il sera parfois nécessaire d’avoir recours à la chirurgie pour remettre les choses « en l’état »

Psychologiquement : les VOG peuvent engendrer un stress post-traumatique (revivre ces moments comme lors d’un accident de voiture par exemple) qui est difficile à surmonter si la maman n’est pas accompagnée. De plus, les VOG sont souvent minimisées sous prétexte que le bébé “va bien” et que la maman a l’air de bien aller aussi. La jeune maman va alors nier ou refouler les traumatismes qu’elle a vécu, ou essayer de se raisonner (il y avait sans doute une bonne raison). Cependant, les VOG doivent être verbalisée et soutenues afin de ne pas ressurgir dans le futur avec des conséquences encore plus importantes sur la santé psychologique de la femme.

Mentalement : avec la sensation d’avoir raté quelque chose, d’être passée à côté de son accouchement, de ne pas avoir été à la hauteur. La surmédicalisation lors de l’accouchement est tellement systématique en France que nous sommes déjà conditionnées à devoir accoucher avec de l’aide. Or les VOG ne font qu’accentuer cette impression que la femme n’est pas capable d’accoucher seule, qu’elle n’est pas en mesure de comprendre ce qui se joue dans son corps, et qu’elle ne doit donc pas intervenir dans les décisions médicales. Cela place la femme enceinte en position de patiente, et elle rentrera finalement chez elle avec cette impression de ne pas avoir été actrice de son accouchement, alors que l’enfantement est un réel pouvoir ! L’accouchement est justement le moment pour expérimenter sa pleine puissance et recevoir un gros boost de confiance en soi !

Sur la sexualité : même si ce n’est pas la priorité lorsqu’on vient d’accoucher, certaines VOG peuvent affecter durablement la sexualité du couple. Les gestes intrusifs peuvent laisser des traumatismes, et les cicatrices peuvent rendre la zone du périnée très sensible voire douloureuse, affectant la reprise de la sexualité dans le couple.

Sur le lien mère-enfant : qui peut être plus long à se créer alors que le corps a subi des traumatismes. Se reconstruire physiquement et psychologiquement avec un nouveau-né est très difficile. Il arrive alors que le lien mère-enfant en soit affecté tant la jeune maman se sent dans l’incapacité physique et mentale de répondre aux besoins de son bébé.

Pourquoi ce sujet me touche ?

J’ai moi-même vécu des violences lors de mon 1er accouchement : décollement des membranes, épisiotomie et forceps sans mon consentement, expression abdominale, déchirure complète du périnée, absence totale de communication du gynécologue… C’était douloureux ! C’était choquant ! Et ça a surtout ruiné les premières semaines avec ma fille.

Sur le plan physique, les VOG m’ont complètement épuisé. J’ai fait une anémie à cause d’une grosse perte de sang, et j’ai fait des malaises pendant les 48h après mon accouchement, ce qui m’a obligé à être alitée, je ne pouvais donc pas m’occuper pleinement de mon bébé. Mon anémie a été traitée grâce à une perfusion concentrée en fer. J’ai eu une déchirure du périnée de niveau 3 : c’est une déchirure profonde puisqu’elle touche la peau, le muscle du périnée et elle s’étend jusqu’ à la zone du sphincter anal. Ces déchirures (de niveaux 3 et 4) demandent un suivi postnatal particulier et une rééducation du périnée plus longue, afin d’éviter les complications (incontinence urinaire). Mon énergie et ma vitalité étaient donc très basses en rentrant de la maternité, et cela n’a fait qu’accentuer la fatigue.

J’ai également été en état de choc durant tout mon séjour à la maternité : je revivais la scène des forceps en boucle, surtout les premières nuits. Je ne comprenais pas comment on avait pu m’infliger une chose pareille. Mon conjoint essayait de me rassurer en me disant qu’il y avait sûrement eu une « bonne raison » d’agir ainsi, pour la sécurité de notre bébé. Au fond de moi, j’étais persuadée que mon accouchement avait été expédié car dix autres femmes accouchaient ce jour-là… J’apprendrai deux ans plus tard, en récupérant mon dossier médical sur conseil de ma sage-femme qui m’a accompagnée pour ma 2ème grossesse, que notre fille allait bien et qu’il n’y avait aucune raison d’avoir recours aux instruments.

Je me suis sentie humiliée et peu écoutée : les sages-femmes qui venaient me voir trouvaient la cicatrice « très jolie » et elles félicitaient même le gynécologue qui avait, selon elles, « bien travaillé ». J’aurais de loin préféré que mon corps soit respecté, ainsi que celui de ma fille !

Pour finir, mon estime en a pris un gros coup. Je m’en suis terriblement voulu de ne pas avoir su mettre ma fille au monde, de lui avoir potentiellement fait courir un danger au point que le gynécologue soit obligé d’intervenir. Je me suis trouvée nulle et j’ai aussi eu la sensation que l’on m’avait volé mon accouchement, dépossédé de mon corps, et surtout manqué de respect.

Comment limiter les risques d’être confrontée à des VOG ?

Aujourd’hui, il existe heureusement de nombreuses personnes et associations qui dénoncent ces violences, je pense particulièrement à StopVOGfr et à l’IRASF mais ces violences continuent malgré tout d’exister et il faut que cela cesse !

Voici les moyens de se prémunir contre ces violences :

Connaître tes droits en salle d’accouchement

Selon la loi Kouchner du 4 Mars 2002 :

« Le consentement du patient constitue tant un droit pour ce dernier qu’une obligation forte pour le praticien. »

« Le patient doit ainsi disposer de tous les éléments nécessaires à la compréhension de sa situation médicale personnelle, pour pouvoir donner de manière libre et éclairé son consentement aux actes médicaux et aux traitements. »

« Aucun acte médical, ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce consentement peut être retiré à tout moment. »

Bien préparer ton accouchement

En t’informant particulièrement sur la physiologie, c’est-à-dire ce qu’il se passe dans ton corps pendant l’accouchement : cela te permettra de prendre confiance en tes capacités à mettre au monde ton bébé, mais aussi à comprendre le rôle de la douleur, de faire la distinction en douleur et souffrance, de connaître le rôle des hormones, d’avoir des connaissances plus complètes sur les avantages et les risques de la péridurale. L’objectif est de prendre conscience de ta puissance en tant que femme qui accouche et donc d’oser faire valoir tes droits le jour J.

Le projet de naissance te permet également de faire le point avec ton conjoint sur ce que tu souhaites ou non pour ton accouchement.

Tu peux également télécharger mon Ebook gratuit, à retrouver en bas de cet article : « Les 7 clés pour une préparation à l’accouchement plus complète »

Préparer ton conjoint

Ton conjoint doit avoir le rôle d’un rempart entre l’équipe médicale et toi. En connaissant quels sont tes droits en salle de naissance et en ayant été informé sur la physiologie, il pourra intervenir et s’opposer à un acte qui n’aurait pas été suffisamment justifié, expliqué ou consenti.

Seuls les cas d’urgence devraient justifier le recours aux instruments ou à une césarienne d’urgence, ce qui ne devrait pas empêcher de traiter le couple et le bébé à naître avec douceur et respect !

◾ Te renseigner sur les taux d’actes obstétricaux dans les maternités

Ces données sont normalement rendues publiques, tu dois donc pouvoir trouver dans quelles proportions sont pratiquées les césariennes, les épisiotomies, le recours aux instruments.

Tu as subi des VOG ?

Si tu as subi des VOG et que tu souhaites les dénoncer, tu as la possibilité de témoigner de façon anonyme en m’envoyant un mail à l’adresse : contact@desmerveillespourmaman.com

Le site internet pourra ainsi être enrichi d’une section dédiée aux VOG et visant à sensibiliser et informer de nombreuses femmes. Alors merci d’avance pour ton soutien et ton courage !

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